En 2023, l’Etat a lancé un avis d’appel à manifestation d’intérêt pour un projet sur l’ancienne cité administrative, au 13 avenue Saint-Symphorien, qui hébergeait plusieurs services de l’Etat (Direction départementale des finances publiques, inspection académique), en concertation avec la Ville de Vannes. Réalisé dans le cadre de la politique de mobilisation du foncier de l’État en faveur du logement, ce projet de cession de foncier de l’Etat est d’autant plus important qu’il se déroule sur un site stratégique pour la Ville, trait d’union entre le futur pôle d’échange multimodal de la gare et le centre-ville avec l’objectif à terme de pacification du Boulevard de la Paix.
Aujourd’hui, l’Etat, via la Direction départementale des finances publiques et la Ville annoncent le projet lauréat : il s’agit d’un partenariat entre deux acteurs de l’immobilier breton, GReeStone Immobilier, promoteur et investisseur en immobilier d’entreprise et résidentiel depuis 2016 et Grand Ouest Immobilier, groupe proposant une gamme complète de solutions immobilières, principalement à destination des entreprises, avec un duo d’architectes renommé, Anne Lacaton & Jean-Philippe Vassal, prix Pritzker 2021, en co-traitance avec l’agence Emmanuelle Delage Architecte.
Un bâtiment bien connu des Vannetais
Ci-dessus : Le bâtiment de la Cité administrative aujourd'hui.
La cité, construite en 1967, fait partie intégrante du paysage vannetais. Tous les habitants ont déjà vu, entendu parler ou fréquenté cette cité administrative. Ce bâtiment présente une architecture typique de la fin des années 60 avec une esthétique sobre, minimaliste, composées de lignes droites parallèles et perpendiculaires. Demain, elle aura une autre vocation à l’image d’autres bâtiments administratifs, à l’image de Bref, tiers-lieu culturel sur la rive gauche du Port. La réhabilitation d’ex-bâtiments administratifs s’inscrit dans une volonté de valoriser le patrimoine bâti, perdurer l’histoire et la mémoire de notre ville. Il s’agit également de favoriser la résilience, limiter l’empreinte carbone en réhabilitant plutôt qu’en déconstruisant comme l’ex CPAM. A noter, pour l’anecdote, que le bâtiment aurait été conçu pour devenir une annexe de l'hôpital « en cas de crise », avec un grand couloir large capable d’accueillir des lits.
Les chiffres clés de l’ex cité administrative
- Construite en 1967 avec une structure en béton armée
- 10 niveaux
- 4 ailes en forme de croix élevées de cinq niveaux, avec un 6e niveau en retrait aménagé de vastes terrasses
- Surface utile : 13 500 m2 (hors toiture et terrasse)
- Le site a accueilli jusqu’en 2020 plusieurs services de l’Etat : Direction départementale des finances publiques, DSDEN).
Un site stratégique pour la Ville
Rappelons que ce site fait l’objet d’une OAP, orientation d’aménagement et de programme, de la Ville qui en compte au total 18. Elles visent à donner un cadrage pour l’évolution de projet urbain destinée à accueillir des opérations de renouvellement urbain et de favoriser le logement pour tous et préserver la qualité de vie des habitants. Il s’agit pour la Ville d’un site stratégique entre le centre-ville et la gare, dans un secteur en plein renouvellement urbain avec la réhabilitation de l’ancienne CPAM en logements.
Un peu d’histoire
Jusqu’au milieu du 19e siècle, le secteur Saint-Symphorien se situe en lisière de la ville, au nord, en limite du faubourg de Saint-Patern. Un ancien prieuré est à l’origine d’un embryon d’urbanisation le long de ce cet axe, correspondant aujourd’hui au site des Archives Municipales, avenue Saint-Symphorien.
A partir de 1860, l’ouverture de la voie ferrée et de la gare change les choses, marquant le développement urbain du quartier, la réalisation d’axes de circulation, comme l’avenue Victor, et l’implantation d’entreprises artisanales sur des terrains libres à côté de la gare. L’entreprise Ducroquet, commerce de bois, s’installe notamment sur le site de l’ancienne cité administrative en 1870.
- Au début du 20e siècle, le quartier Saint-Symphorien va devenir plus résidentiel : les entrepreneurs créent aussi des lotissement d’habitations sur des terrains libres, autour de leurs entreprises. Le quartier se densifie, de nouvelles familles arrivent avec l’ouverture de l’école Germaine De Staël avenue Saint-Symphorien en 1909, les espaces publics évoluent avec la création de la place Lyautey au début des années 20, de la rue Colonel Maury.
- Après 1945, le quartier se modernise avec le percement du boulevard de la Paix en deux temps (1955, 1963) long de 1,2 km. La construction de grands équipements publics y contribue : la Cité administrative (1967), l’Hôtel de Police (1968), le Palais des Arts (1971), la CPAM (1974), et la Trésorerie Générale (1975).
Le projet lauréat respecte le cahier des charges fixé par l’Etat et la Ville
Toutes les recommandations de la ville ont été prises en compte permettant à ce projet d’être parfaitement en phase avec la philosophie d’une ville qui se reconstruit sur elle-même, attentive aux enjeux et défis de demain pour le centre-ville.
- La réhabilitation comme principe
Dans une démarche environnementale, la Ville de Vannes a souhaité que le bâtiment soit réhabilité, à l’image de celui de l’ex-CPAM à proximité. Ce choix respecté qui va permettre d’améliorer le bilan énergie/carbone de l’opération. Cette réhabilitation va permettre également de garder une trace du passé dans le paysage vannetais.
- Un site accueillant des logements, des bureaux, des commerces
La Ville de Vannes souhaite un programme mixte sur ce site, accueillant des logements pour des familles et jeunes actifs (60%) et de l’activité tertiaire (40%), à savoir des bureaux, des commerces de proximité dans le respect de ceux existants déjà place Lyautey, des équipements d’intérêts collectifs.
- Un projet intégré au paysage urbain et aux mobilités douces
Il est nécessaire que le projet s’intègre au paysage urbain et favorise des cheminements doux pour connecter facilement le PEM au cœur de ville.
Le projet porté par les lauréats
Le bâtiment conservera sa structure générale, avec le remplacement des façades amiantées par des façades vitrées et l’ajout de balcons en saillie. Les éléments architecturaux remarquables, comme l'entrée et la cage d'escalier centrale, seront préservés. La conception architecturale des niveaux supérieurs est favorable à une transformation en logements. Ils devraient accueillir une centaine d'appartements du T1 au T5 (comprenant 35% de logements sociaux et en accession abordable), et 4 maisons sur le toit, tandis que le rez-de-chaussée et le "socle" de l'immeuble resteront à usage professionnel.
La livraison est prévue en fin 2027-2028